Avant d’être un vététiste, Mathieu est un sportif touche à tout mais surtout un excellent Kayakiste. Ancien compétiteur en kayak, il a réalisé plusieurs expéditions en kayak dont la première traversée de l’Atlantique nord en kayak solo sans assistance en 1994 (en vidéo).

Après avoir posé l’ancre en Ardèche, Mathieu s’est investi localement et devint rapidement l’initiateur (et toujours une des principales chevilles ouvrières) de la fameuse Randonnée VTT des 4 rivières à Labeaume ainsi que le coordinateur de plusieurs formations professionnelles dont le BPJEPS APT (diplôme d’Etat) au CREPS Auvergne-Rhone-Alpes de Vallon-Pont-d’Arc. Un cursus qui a pour objectif de sortir de la saisonnalité en formant des professionnels du sport pluridisciplinaires.

Pour l’anecdote, il a également coordonné dès 2006 les diplômes d’une grande partie des moniteurs / guides de notre structure. L’histoire de ce petit bout de chemin parcouru ensemble a fait naître entre nous un attachement réciproque tenace, il nous tenait donc à cœur de le présenter dans l’un de nos portraits.

Peux-tu te présenter et nous dire ce qui t’a amené à faire du VTT ?

Les populations inuites que j’ai pu rencontrer dans les années 1990 m’expliquaient que le kayak constituait pour eux une continuité corporelle leur permettant d’explorer de vastes milieux inaccessibles autrement.

Ma conception du vélo tout terrain s’inscrit dans la même cohérence, j’ai toujours été séduit par les perspectives de voyages et de découvertes permises par cet engin. C’est d’ailleurs bien davantage cette inspiration à l’exploration, ce caractère itinérant, qui me passionnent, plutôt que sa composante techniciste. Même si je reste profondément admiratif devant les prouesses de la jeune génération, en particulier en trial.  Avec le VTT, l’esprit vagabond est forcément fécond, les projets naissent sans peine et m’ont déjà conduit loin, bien au-delà de l’horizon des chemins et au travers de paysages que je n’aurais jamais soupçonné.

Traversée des Volcans d’Auvergne à VTT

Quelle pratique en as-tu aujourd’hui et où aimes-tu rouler ?

Ma pratique du VTT s’articule donc surtout autour du voyage, de préférence itinérant, même si je ne rechigne pas à m’engager sur un sentier étroit et technique à la recherche d’émotions intenses si possible partagées avec les proches et les amis. Mes petites reines à crampons m’ont emmené vers de nombreuses destinations, mais je n’en connais pas qui offre plus de variété et de paysages inattendus que l’Ardèche.

Le guide que nous avons publié avec Edmond Gayral sur le VTT en Ardèche (éditions Glénat) a justement pour ambition de proposer un modeste aperçu du potentiel que notre région peut offrir aux passionnés de vélo sur tous chemins.

On doit te le rabâcher à chaque fois, on te connait bien pour ta traversée de l’Atlantique Nord à Kayak. As-tu pu avoir de pareilles expériences à vélo ou du moins peux-tu nous partager une anecdote qu’il te plait d’avoir vécu ?

À l’issue de cette aventure transatlantique, j’ai eu la chance de pouvoir concevoir et mettre en œuvre un projet de raid à VTT en Islande avec la première traversée à vélo du désert du Sprengisandur.

Une telle expérience en appelle forcément d’autres : ce fut par l’exemple l’Amérique du Sud un peu plus tard, la Bolivie, le Chili et l’Argentine, notamment, mais aussi l’Europe et surtout la France où le potentiel de voyage à VTT reste énorme et étonnamment diversifié. Nos trajets routiniers en train ou en voiture entre la capitale et l’Ardèche nous ont même amenés ma compagne et moi-même à préférer le VTT en choisissant de rallier Paris à Sampzon à vélo uniquement par les chemins, ceux du Morvan ou encore du Massif central sans oublier ceux du Bourbonnais et de bien d’autres régions propices, une expérience en famille, peu onéreuse et inoubliable.

Tu coordonnes la formation de futurs encadrants. Quel regard portes-tu sur l’engouement général de la pratique avec la venue, toujours en plus grand nombre, des VAE ?

Surprenant tous les observateurs, l’exceptionnel engouement actuellement constaté pour les déplacements à vélo, qu’il s’agisse de loisir ou de travail, trouve sa substance dans ce besoin d’évasion exprimé de plus en plus au cœur de nos sociétés modernes qui tendent à nous éloigner de la nature et des choses vraies. Le vélo autorise ce retour à des pratiques simples de manière évidente, le fait de pédaler et de se dépenser libère l’esprit du stress et des tensions accumulées par nos charges de travail sans cesse plus lourdes et complexes. Dans ce contexte, le VAE constitue une formidable invention qui réconcilie nombre de personnes avec le vélo en supprimant la douleur et le côté pénible tout en ne conservant que le plaisir et la découverte sans supprimer complètement l’effort. Des avantages en termes de loisir, sportif ou non, cumulés à des vertus avérées pour la santé, notamment sur le plan cardio respiratoire, le Vélo à Assistance Electrique, bientôt à l’hydrogène vert, a tout pour plaire. C’est d’ailleurs bien lui qui tire le marché du cycle vers le haut bien plus que le secteur de la compétition. Gageons que nos élus sauront comprendre ce virage et conduiront enfin de vrais projets d’aménagements en adéquation avec ce phénomène manifestement durable.

Tu es un membre actif du club (aussi très actif) de Labeaume VTT. Est-ce que c’est encore sous embargo ou tu peux nous parler de la randonnée des 4 rivières ? (son existence passée, future, son maintien pour cette année ?, ceux qui œuvrent…)

Née dans l’esprit d’une poignée de labeaumois légitimement passionnés de leur territoire de pierres et d’eau, l’idée de la Randonnée des 4 Rivières à VTT ne répondait qu’à un seul objectif : faire découvrir nos si chers plateaux calcaires et leurs paysages ruiniformes si caractéristiques dans une ambiance conviviale et décontractée.

Au départ de la Randonnée des 4 Rivières à VTT (édition 2020)

Voilà plus de 10 ans que cela dure ! Malgré les difficultés liées à la crise actuelle, le millésime 2021, prévu le 12 septembre, est maintenu.

Le mot de la fin ?

Dès son origine, le petit atelier de Maisonneuve, sur la route entre Provence et Vivarais, permettait aux populations locales grâce à son savoir-faire en charronnage de parcourir les chemins de l’Ardèche et bien au-delà des Cévennes avec du matériel fiable et robuste. Toute l’équipe d’AMC7 perpétue admirablement cette tradition séculaire en offrant un service de qualité assorti de conseils toujours pertinents et en portant un regard lucide sur l’évolution du vélo.

Nul doute que cette équipe saura accompagner les bouleversements que les aspirations sociétales susciteront dans les prochaines années.